Lancer un petit festival en campagne est toujours une aventure. C’est un petit coin au milieu des champs qui se mobilise pour faire venir du coin et des villes alentours des centaines de personnes juste pour le plaisir de la fête. Tous ne réussissent pas, mais certains réitèrent chaque année leur petite réussite.
C’est le cas du bien nommé Festival en Campagne, à Bois-Jérôme-Saint-Ouen, près de Vernon qui fêtait, à l’occasion du week-end de la Pentecôte son sixième anniversaire, avec une affiche alléchante : Idir, Riké, mais surtout le rock foutraque des Fatals Picards et la mutine Emily Loizeau.
C’est le Dimanche que Froggy’s Delight est allé trainer ses guêtres dans ce petit coin de Normandie, sous une pluie battante qui n’empêchait pas le village de fêter chaleureusement ce festival, qui fort heureusement pour les spectateurs comme pour les organisateurs se déroulait sous chapiteau.
Ouvert par le groupe lillois treize à table, groupe de rock pêchu et festif qui a bien rechauffé l’atmosphère, c’est Emily Loizeau, qui avec ses deux musiciens (violoncelle et batterie, alors qu’elle assure elle-même les parties piano) qui poursuit la fête.
Mélange d’univers à la Jeanne Cherhal et timbre de voix qui rappelle parfois Marianne Faithfull, la jolie chanteuse nous sert un acidulé mélange entre textes oniriques et poésie du quotidien qui conquiert le public, déjà séduit avec un album très cohérent L’autre bout du monde.
Intimiste, drôle et parfois surprenant avec notamment un jeu très poétique avec une platine vinyle.
Le gros du morceau, ce sont les Fatals Picards.
Voilà des bêtes de scènes, avec hormis des textes drôles et parfois stupides dans le bon sens du terme, une vraie énergie scénique, un bon esprit, rodés à tourner depuis des années, extrêmement proche d’un public fidèle qui vient de loin pour voir leur prestation.
Il serait réducteur de cantonner les Fatals à un groupe déconne qui a réussi à aller représenter la France à l’Eurovision.
Il y a du rock et du bon rock derrière le côté rigolo des Fatals Picards.
Si l’on sent clairement des influences pêchées chez les Ludwigs, les VRP, Sttellla ou les Marcels, le groupe a un style propre, avec des mélodies impeccables et pas mal de registres en stock. Au-delà des disques, les fatals picards sont à voir sur scène.
Et ce n’est certainement pas le public présent à Bois-Jérôme, oubliant le froid en sautant sur le salutaire règlement de compte envers les djembé-men…
L’ambiance de Bois-Jérôme malgré la pluie donne une pêche incroyable et fait plaisir à tout le monde. Permet à des petits groupes de ce frotter à des scènes plus larges et aux groupes confirmés de rencontrer un public qui ne se serait peut être pas déplacé, tout en drainant un public qui fait vivre le village .
C’est ça aussi qui fait vivre la culture. Vivement la septième édition. |